Manifestation
--> et j'ai mal aux pieds
Bon normalement, je ne parle pas politique, ça a le don de m'énerver. Et ça me déprime, du genre "monde de merde" grmlmlgrr... "tous pourris" j'en passe et des meilleurs.
Mais, hier, j'ai participé à une manifestation, celle des personnes de la recherche de Paris. Oui, il y a eu hier une manifestation dans Paris, sisi je vous jure. Je vous le concède elle était très... calme. On va dire que c'est parce que les chercheurs, ingénieurs... n'ont pas l'habitude.
Je n'ai pas pris part à cette manif pour le plaisir hein, c'est parce que mes parents sont tous les deux dans la recherche et savent ce qui s'y passe et comment se réalisent les "négociations" (voir fin de post). C'est dingue la capacité du gouvernement à vous emberlificoter. "Oui oui, on vous entend, oui oui on va faire quelque chose". Le problème ce n'est pas seulement d'entendre mais aussi d'écouter et ils n'en font qu'à leur tête, en prennant à peine en compte les revendications de Sauvons la recherche et de leur assemblées.
Bon, ce n'était pas une manif à gros effectifs, ni nationale, c'était de petites manifs partout où il ya des centres de recherche. Les problèmes dans la recherche sont multiples, déjà quand je vois dans quel état est le laboratoire de mes parents, je m'inquiète un peu. Ensuite, le nombre de post offert est quasi nul, des gens partent en retraite et ne sont pas remplacés par de nouveau chercheurs mais, quand l'équipe à de la chance, par des personnes aillant déjà le post de chercheur. Et puis il y a la répartition de l'argent, c'est bien beau l'application de la recherche, la productivité à tout pris, mais avant d'appliquer il faut trouver et avant de trouver il faut chercher. Rien de plus logique. Pourtant bah les souxes partent le plus souvent dans les labos de recherche appliquée (celle qui applique) et non de recherche fondamentale (celle qui cherche et des fois trouve). Ah oui, et les salaires, bon ok au-dessus de beaucoup de salaires, mais quand tu as atteint un bon niveau d'ancienneté et, comparativement aux autres pays ben désolé mais les salaires sont pas chouper.
Et même, si l'on trouve une molécule comme ça, par hazard, "ouai youpi on a trouvé". Oui mais trouvé quoi, elle fait quoi la molécule, et où, et comment, c'est ça la recherche fondamentale. La recherche appliqué, par exemple l'industrie pharmaceutique, elle, elle veut juste savoir si ça marche. En gros elle prend (ou fabrique) une molécule qui ressemble à une autre qu'on connait et elle teste si ça marche.
La recherche fondamentale est, comme sont non l'indique, fondamentale, dans les deux sens du terme. Elle est indispenssable et le fondement des applications.
Alors voilà, je pousse un coup de gueule parce que non seulement on nous prend pour des imbéciles mais en plus on veut tuer notre recherche. Pourtant on est pas mauvais, quand on nous donne des souxes. Et pour les mauvaises langues, je sais qu'il y en a un extrait de l'appel à la manifestation, qui est justifié :
SLR appelle une nouvelle fois à se mobiliser demain, vendredi 20 mai (informations locales à la fin du message). Certains d’entre vous pourraient considérer que cette mobilisation ne se justifie pas : François Fillon ne vient-il pas d'annoncer un ensemble de mesures qui peuvent être considérées comme très positives par rapport au projet de loi sur la recherche ? Le gouvernement essaie de présenter ce nouvel appel comme une réaction irrationnelle de notre part. La réalité, c'est qu'aujourd’hui comme hier, SLR appelle à des actions lorsque le dialogue n'avance plus, alors que persistent des enjeux essentiels pour la recherche.
Nous reconnaissons et saluons sans réserve les avancées, résultat du dialogue avec le gouvernement, et de la pression exercée sur lui par votre mobilisation et le soutien de l'opinion publique. Ces mesures, qu'il s'agisse des 6 milliards supplémentaires pour la recherche, ou des postes statutaires créés dans la recherche et l'enseignement supérieur, ce n'est pas rien !
Nous ne sommes absolument pas dans une optique de surenchère, mais nous sommes inquiets car des éléments qui seront déterminants pour cette loi demeurent cachés. En particulier, pourquoi le gouvernement s'obstine-t-il à refuser de dire, quantitativement quel sera l'équilibre entre les moyens de l'ANR (Agence Nationale pour la Recherche) et ceux des organismes de recherche et des universités ? Suivant la position de ce curseur au sein des 6 milliards, on peut avoir une croissance équilibrée des deux types de structures de financement, ou bien on peut avoir une catastrophe. En effet, si l'ANR croissait au rythme encore annoncé début mai par le directeur de cabinet de François d'Aubert pour 2006 (350 millions par an), alors cet organisme rapidement surdimensionné étoufferait les organismes de recherche : il deviendrait en 2010 la première source de financement pour les laboratoires de toute la recherche publique qui serait alors assujettie à un pilotage direct par le ministère. De plus, cette croissance aboutirait en quelques années à ce que la majorité des postes créés dans la recherche le soient sur CDD. Ce n'est pas un détail !
Autre point qui n'est pas un détail : nous sommes très inquiets du risque que les jeunes continuent à se détourner des carrières de la recherche. Pour enrayer ce processus, il faut non seulement les propositions qualitatives mises en avant par F. Fillon, mais il faut aussi y consacrer une masse budgétaire. Laquelle ? Nous n'avons jamais eu de réponse à cette question. Or il y a urgence. Ce n'est pas dans 3 ans qu'il faudra prendre des mesures énergiques dans cette direction.
Voilà pourquoi nous disons que des annonces sur les mesures de programmation budgétaire sont un élément indissociable des propositions qualitatives. Voilà pourquoi nous sommes persuadés que l’obstination du gouvernement à les dissocier, en prenant ainsi la responsabilité d’une rupture du dialogue, cache un risque majeur.
Nous pouvons être tout près d'obtenir une bonne loi. Pour cela il faut que le gouvernement abatte toutes ses cartes, et fasse des propositions pour la recherche qui garantissent un fonctionnement équilibré des structures, une attractivité pour les métiers scientifiques, et une recherche autonome. Nous avons beaucoup à gagner, mais tout autant à perdre, c’est pourquoi nous n'avons pas le droit de relâcher maintenant notre effort, nos pressions.
Bulbiller par Nael, le Samedi 21 Mai 2005, 12:01 pour "GRRR".
